dimanche 6 décembre 2015

Selfies de l’existence…




Photo : Silvia Grav 


Dans un monde où l’individu doit analyser, être, se construire – à la fois maître, artisan et dieu de son destin – où la construction de soi dépend de ses propres efforts, où la volonté rime avec réussite, chaque défaut lacère la construction du moi jusqu’à le rendre exempt d’identité.

Est-il alors d’autres moyens d’exister, d’exprimer sa présence, de prouver son existence qu’en se montrant ? Parfait. Beau. Superbe. Fanfaron de l’instant ? Expression se voulant de  puissance. Vague soubresaut, pathétique - pathétique est une expression effroyable tant la nudité du désolant se dépose en croûte crasse au pied du minable - misérable spectacle, donc, du sursaut d’un moi traîné à flan de pierre.
Faire défaut, n’est-ce pas anéantir tout espoir fondé sur votre personne ? N’est-ce pas faillir par son absence de présence ?

La personne sans  qualité, sans reconnaissance – à transit incertain – dénuée de distinction précise n’a même pas à se cacher, elle n’existe pas.
L’être de plume et de ciel fané, erre alors au ras de la modernité, tout en solitude de papier fiché sur mur virtuel.
Les Selfies sont des assemblages enthousiastes, une joie clonée, dupliquée en lasse ressemblance. Séquelles de faiblesse, ombres projetées sur l’humanité lisse où la conjuration du réel s’exhibe en papiers de détresse.

Pourtant, des brisures, du spectacle du dépérissement, des traits de l’usure, des durcissements, de la carne des jours, émerge parfois le poivre épars d’une humaine épice. C’est la solidité râpe, grave et rêche, la démangeaison coulant à griffe ouverte au long des jours tapissés d’épreuves.

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