samedi 30 janvier 2016

René Descartes, pouvons-nous sortir de la Matrix ? Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol au théätre de l'Odéon, le 23 janvier 20


« Nous vivons dans l’oubli ordinaire de nos existences. » Raphaël Enthoven.


 Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol - 
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant 

A braquer plein phare certaines œuvres. A surexposer certains points de culture comme passage obligé, point d’étude courante. A focaliser sur les mêmes axes – dits classiques - de pensée, sommes-nous sûr de ne pas nous rendre aveugles aux nuances ?   
Par exemple Descartes…
Qui ne connait son fameux  Cogito ergo sum… « Je pense donc je suis. »
Et pourtant, au-delà des apparences, sommes-nous certains d’avoir tout saisi, tout compris de la réflexion riche et complexe du mathématicien philosophe ?


 Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol - 
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant 

Effectivement, à suivre la conférence intitulée  « René Descartes, Pouvons-nous sortir de la Matrix ? » s’étant déroulée au théâtre de l’Odéon le samedi 23 janvier 2016, à assister à l’échange pointu, passionnant – et non moins  plaisant et léger des deux philosophes Ollivier Pourriol et Raphaël Enthoven - nous voici « étonnés » – comme frappés par le tonnerre, rappelle Ollivier Pourriol.
Ainsi, loin des idées reçues, poursuit le spécialiste du cinéma, Descartes est un être d’affirmation et de risques. Un homme pratique sur un fond d’actions permanentes.


 Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol - 
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant 
La preuve en actes :
Selon tous les pronostics médicaux de l’époque – au reste, ne devrait-on point plutôt parler de prédictions ? – le jeune Descartes atteint de faiblesse pulmonaire ne ferait point de vieux os. Peu désireux de tomber sous le joug d’une mort prématurée – au reste, qui le serait ? - bataillant contre son destin, le philosophe décida d’agir avec vigueur. Moins par goût du combat – quoique – que par instinct de survie, l’agitateur de pensées paradoxales opta pour une carrière militaire.
Effectivement, l’armée permettait – temps béni - de se lever à midi - bien après, donc - les risques de refroidissements matinaux. S’engager dans les troupes constitua donc pour René Descartes un moyen de survie. N’est-ce point-là, finalement, une tactique de premier ordre ? Une belle manière de prendre les armes ?


  Ollivier Pourriol - 
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant 

Mais revenons-en à notre cogito…
René Descartes, reprend Ollivier Pourriol, doute de ce qu’il sait, semble tout remettre en doute…  Tout ? Peut-être pas…  Reste le doute. Si je pense, je suis. Je suis une chose pensante. « Je pense donc je suis. »
Quel statut attribuer à ce donc ?
Le créateur de Studio Philo répond. Il s’agit non pas d’une conséquence  logique, du résultat d’une démonstration mais, ajoute-t-il en citant Deleuze, d’un « Cri de la pensée. » Sublime expression ayant trait à une évidence...   L’évidence, poursuit-il – du latin video « je vois » - c’est le résultat d’une vision directe de la vérité, ce cri de la pensée… Si je doute je pense - si je pense, je suis.  
Pour enfoncer le clou, il s’agit d’un  « Je pense » prouvant l’existence de la pensée.
Certes mais peut-on être sûr, absolument sûr de ne pas rêver ? Interroge le philosophe Raphaël Enthoven… Et peut-être même, sommes-nous sûrs de ne pas tous faire le même rêve ?
« Etre vivant, c’est avoir droit de choc. » Souligne Ollivier Pourriol en reprenant le philosophe Alain.
Il s’agit, selon Descartes, de dissocier le vrai du réel.
Le vrai il faut le prouver, le penser, il faut l’entendre, c’est le résultat d’une production intellectuelle.  Le vrai est l’indice de l’erreur. Sortir d’une illusion permet de comprendre son erreur.
Le réel, quant à lui, se différencie de la fiction. Sortir d’une séance cinématographique active, intense, pleine de rebondissements,  provoque parfois la « Pénurie du réel. » au sens de Walter Benjamin.  Autrement dit, la réalité dans sa quotidienneté ordinaire, médiocre nous gifle sa fadeur à pleine pensée.
En outre, ajoute Ollivier Pourriol, le réel nous donne des arguments concrets – pourrait-on dire - de de son existence, des preuves  de sa réalité. Peut-on parler de présence ? Quoi qu’il en soit, ce dernier génère des obstacles, blesse, percute.


 Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol - 
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant 


Et pourtant, pourrait-on ajouter, l’abstraction, le savoir, ne sont-ils point d’un contact parfois aussi concret qu’un toucher du réel ? Ce sont toutes ces velléités, ces actes indicibles sur lesquels on bute : ici une pensée tétanisée, là une parole hurlée du fin fond de la caverne des actions muettes, là encore la chute d’une phrase écorchée sur le chemin rocailleux de la réponse coincée, bloquée, informulée. Crises tétaniques de l’impuissance. Prisons des âmes trop cérébrales, contaminées de sensible, vouées aux mots, encagées dans les barreaux de l’esprit. 
             Toutes,

                      Les cicatrices silencieuses blessant l’esprit à vif. 


 Raphaël Enthoven - Ollivier Pourriol - 
Théâtre de l'Odéon
23-01-16 - Photo Virginie Le Chêne Parlant 



Le podcast de l'émission :


Rencontre Descartes VS Matrix : le podcast




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire