samedi 24 septembre 2016

"En lutte contre les régressions" Bernard Stiegler, Pascal Chabot, Claude Lenglet


Que faire, interroge le philosophe Bernard Stiegler,  quand, d’ici peu, les formes d’emploi que nous avons connues n’existeront plus ? Quand 30% des emplois disparaîtront au profit des robots ? Quand les compétences humaines seront passées dans la machine, que restera-t-il au travailleur pour prouver qu’il est employable ?

Bernard Stiegler - Photo Le chêne parlant

C’est une barbarie de détruire les systèmes sociaux, n’hésite pas à dénoncer le philosophe engagé au sein de plusieurs projets et associations. 1*
Face à l’entropie qui décompose la société de toute part. Face aux savoir-vivre détruits. Face à une espérance de vie décrite par Amartya Sen, prix Nobel d’économie, paradoxalement plus élevée au Bengladesh qu’à Harlem, tant le consumérisme a détruit le tissu social et les capacités des habitants d’une ville, c'est-à-dire les savoirs.
Face aux informations balancées sur la toile à 200 millions de mètres par secondes - soit deux fois plus rapidement que la foudre, précise-t-il, laquelle ne tombe qu’à 100 millions de mètres par seconde. Il faut – poursuit-il, créer de la néguentropie : c’est-à-dire de la culture et du rêve. Il faut pouvoir exister dans un monde qui n’a pas besoin de vous. Redistribuer. Instituer un revenu, à la manière des intermittents du spectacle.  

Bernard Stiegler - Photo Le chêne parlant

En d’autres termes, réintroduire de la responsabilité et lutter contre la barbarie. Croître au sens de l’étymologie grecque, phusis, du verbe  "Phusein", c’est l’origine de la physique. C’est ce qui fait que le monde se transforme, est dynamique… C’est l’harmonia.
Nous nous devons de construire un nouveau pacte social. Entrer dans une économie de la contribution, celle de la « capacitation », consistant à reconstituer les capacités de chacun. Autrement dit, passer au néguentropocène.
Le philosophe Pascal Chabot, enfonce le clou. Le progrès utile, celui de la mesure instantanée, n’est pas le progrès subtil, nuance-t-il. Or apprendre, douter, creuser, aller plus loin dans la pensée sont des processus souterrains. Leurs bénéfices s’apprécient à long terme, se détermine sur un temps long. Nous ne sommes pas dans la même temporalité.   
Mais des initiatives existent, encore s’agit-il de « Faire monter l’intelligence collective au niveau du politique. »

Bernard Stiegler - Photo Le chêne parlant

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1* Ars Industrialis
Association internationale pour une politique industrielle des technologies de l'esprit
http://arsindustrialis.org/bibliographiebiographie



Bernard Stiegler - Photo Le chêne parlant

2*
https://sites.google.com/site/etymologielatingrec/home/p/physique-la
"Physique" vient du verbe Grec, "φυω" ("phuo", dont l'infinitif est "φυειν" "phuein", source Merriam Webster) signifiant croitre, générer.
Ce mot Grec "Phuein" est lui-même dérivé de la source indo européenne "bheu"[4], qui signifie "croître", "être".
En sankrit "bhu" signifie la terre, où croissent les cultures [5] comme opposé au ciel [6]

Cette racine donnera le grec "pheo", ou le verbe grec "phuomai[7]" ou"fuomai" ("φυομαι"[8]) ou encore "phusis" qui a le sens du "souffle", de "la vie". Son équivalent est la racine indo européenne antérieure "bhu" [9] signifiant "croitre", "être"

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