lundi 15 octobre 2018

ORLAN, lorsque l'Art charnel se fait intellectuel.


La littérature, la musique, l’art sont-ils des tentatives d’exprimer l’inexprimable ou des réactions pugnaces face aux gravités d’un monde sordide ?  En d’autres termes, l’Art est-il l’expression d’un foisonnement interne ou la révolte de l’intellect envers un extérieur infect ?

L’art n’est peut-être qu’une question de sentir lié au corps de nos émotions… En tout cas, l’artiste ORLAN nous le fait bigrement ressentir.

Car l’intensité artistique chez l’artiste, est - à bien y réfléchir – presque toujours liée au corporel. De sorte qu’une question émerge : ORLAN serait-elle une Artiste charnelle ? C’est-à-dire fait-elle de la chair l’objet même d’une œuvre tant cérébrale que plastique ?

Pourquoi non ?

 Pour preuve, la liste de ses œuvres les plus médiatisées : Une opération chirurgicale visant à poser des implants au niveau du front. Une réplication de sa personne robotisée. Des prélèvements de cellules sanguines. Des photos de soi hybridées. Un corps écorché.

 Une différence, un pas de côté, opéré - c’est le cas de le dire - au regard des canons intellectuels ou esthétiques imposés. En ce sens, la question du corps, sujet tabou entre tous, objet de désir modelé par un regard avant tout masculin, est centrale.

C’est que le corps – comme tous les stéréotypes sociétaux – est caricaturé : soit on l’idéalise en le sacralisant, soit on le dévalorise à l’état de chair. Dans le premier cas, il se fait marbre, glorieux et victorieux, dans le second, il devient cru, obscène, vulgaire. Et pourtant, n’est-ce pas le lieu de toutes les émotions traversées ? La membrane du tourment, du sentiment, de l’intellect ? Bref, ne serait-il pas l’élément clé, la base foisonnante d’émotions faisant de nous des êtres humains ?

L’Art charnel orlanesque, entend discuter la place du vivant. Aux tabous religieux s’ajoutent aussi les peurs comme celle développée face à la technologie (Peut-on dupliquer des cellules cancéreuses ?). Mais l’artiste pense également – et surtout - interroger la place du corps féminin dans la société. Affronte les déterminations masculines imposant l’icône dupliquée sur papier glaçant d’une femme incarnée en sainte et mensurée en déesse.

Mais sortir des conventions ne se passe pas toujours en douceur ni sans heurts. On n’apprécie guère apercevoir la trivialité de ses propres actes en miroir. Or frapper au cœur de la bassesse réclame parfois d’en passer par des reflets lucides. A l’origine du monde de Courbet, ORLAN oppose la naissance de la guerre.

On n’apprécie guère plus voir médiatiser une opération plastique. n’ayant pas pour but de modifier l’apparence dans le sens voulu par une société adepte du lisse. Or que sont ces implants sinon des bouleversements crus lancés à la face d’un monde soucieux de son image ? Un point de vue particulier. Un charme à contre sens.

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vendredi 17 août 2018

Stéphane Hirschi – La chanson française, une esthétique du double langage ?

La chanson n’est-elle qu’un air fixé par des paroles ?
Certaines chansons populaires, quasi poétiques, n’évoquent-elles pas plus que ce qu’elles  disent ? Les hit-parades ne méritent-ils pas d’être étudiés ? 
Stéphane Hirschi décode les chants ordinaires, analyse la richesse de morceaux trop ressassés pour ne pas faire l’objet de chantonnements réflexes, trop entendus pour être réellement écoutés.

Certaines chansons – extrêmement efficaces – parviennent, en effet, à créer des émotions fortes. Ces créations regorgent de paroles faciles à mémoriser, de musiques aisées à fredonner, le tout enrobé de sentiments vécus par tous.
Le procédé créatif semble simple. Basique. Ordinaire. Facile. Est-ce vraiment le cas ?
C’est que tout ne tourne peut-être pas aussi rond qu’un disque vinyle sur une platine... Les mots d’allure ordinaire creusent parfois des sillons subtils et le diamant des énoncés pailletés peut scintiller de paradoxes fascinants.

Le premier d’entre eux est la « posture de l’imposture ». Tout simplement, le chanteur se situe tout entier dans son discours, qu’il veut sincère, alors qu’il évoque un passé révolu. Pour ce faire, il se doit d’effacer les décalages séparant la réalité présente de la scène d’hier.
Citons, pour exemple, Claude François où la nostalgie douloureuse des amours passés regorge d’invocations joyeuses.  Au reste, ce paradoxe des opposés réunis dans une même phrase est souvent utilisé au sein des chansons. C’est l’idée d’un chanteur détaché, pourtant extrêmement impliqué dans l’événement qu’il rapporte. C’est la présence d’un discours désespéré néanmoins jalonné de souvenirs heureux, d’instants foncièrement positifs. 

Ainsi les textes sont-ils truffés de pensées antagonistes : désespoir / joie. Instants perdus/retrouvés.
Mais ceci va, bien entendu, plus loin que la simple apposition / réunion de deux sentiments opposés.  A l’utilisation des décalages temporels – ironie de l’affirmation d’un « pour toujours » qui n’a plus lieu d’être, s’ajoute une érotique de la présence / absence, c’est-à-dire  la mise en œuvre d’une esthétique ambiguë où la personne disparue reste vivante et demeure envoûtante malgré tout.

Ici, contre toute attente, aucune nostalgie complaisante, donc.





Merci à Stéphane Hirschi de son aimable accord ainsi qu’à celui de Stéphane Chaudier.   
Merci à Agnès Rabineau, organisatrice des passerelles culturelles à la médiathèque du Vieux Lille

lundi 2 juillet 2018

S'imiter pour se parler, Boris Cyrulnik


L’imitation, au fil des générations, a perdu ses lettres de noblesse. Autrefois considérée comme une étape de formation quasi obligatoire - notamment dans le domaine de l’Art où copier des heures durant des modèles de chair ou de papier constituait le passage obligé des  candidats à l’Académie - elle fait aujourd’hui l’objet de reproches, de méfiance, voire d’un rejet définitif. Souvent assimilée à la reproduction du même, à la répétition d’un identique au geste prêt, au millième de la lettre, cette dernière est devenue suspecte, puis, peu à peu, s’est couverte sinon d’opprobre, au moins de mépris. Pourtant, le psychologue Jean Piaget dans Psychologie et pédagogie – La réponse du grand psychologue aux problèmes de l’enseignement, n’hésite pas à valoriser l’image mentale[1] tout en opposant pratiquement la copie à l’intelligence[2]

En outre l'imitation n'aurait-elle pas une utilité sociale ?
          

Albert Bandura est l’un des spécialistes de la « Théorie de l’apprentissage social » son intéressante position montre combien l’imitation fait partie du quotidien. Ainsi, lors des conduites sociales, fonctionnons-nous régulièrement par mimétisme social. Par exemple, lors de spectacles ou de cérémonies, se caler sur le comportement des autres, permet non seulement d’adopter à coup sûr le geste adéquat mais de le retenir afin de s’en servir ultérieurement. L’individu se construit des « représentations symboliques des événements modèles. L’acquisition est commandée par quatre sub-processus : l’attention discriminative, la rétention codée, la reproduction motrice, les effets de renforcement, enfin, qui renvoient à la motivation. » [3 ]
L'imitation constitue également le plus sûr moyen d'entrer en contact avec l'autre et ce dès la maternelle.

Écoutons...  




[1] D’où la troisième solution : l’image mentale, c’est-à-dire le symbole en tant que copie ou reproduction intérieure de l’objet, ne serait-elle pas simplement un produit l’intériorisation de l’imitation elle-même ? On sait assez, en effet, que l’image n’est pas simplement, comme on l’a cru longtemps, un simple prolongement de la perception. Elle résulte d’une construction, parente de celle qui engendre les schèmes de l’intelligence, mais dont les matériaux sont empruntés à une « matière sensible ». Or, ajoutons le, cette étoffe est motrice autant que sensible : entendre mentalement une mélodie et une chose, mais pouvoir la reproduire en précise singulièrement l’audition intérieure ; l’image visuelle également reste vague tant qu’elle ne peut se traduire en dessin ou en mime. P 71-72 :
Piaget Jean, La formation du symbole chez l’enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1978 (citation double cf p 42)
[2] «… l’intelligence est une assimilation du donné à des structures de transformations, des structures d’actions élémentaires aux structures opératoires supérieures, et que ces structurations consistent à organiser le réel, en acte ou en pensée, et non pas à le copier simplement. » Piaget Jean,  Psychologie et pédagogie.  La réponse du grand psychologue aux problèmes de l’enseignement.  Paris, Médiations. Denoël. p 49
 [3]   Apprendre en imitant ? FaydaWinnykamen – Puf Psychologie d’aujourd’hui, octobre 1990, Paris, p 57. 

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dimanche 15 avril 2018

Du simple naît la complexité ? Hervé Di Rosa et Martine Aubry.



« L'Art, le beau doivent être partout. » Martine Aubry

Hervé Di Rosa est l’un des pionniers de la « Figuration libre ». Mélange d’un tout-mais-pas-n’importe-quoi joyeux et coloré, l’artiste produit un décalage suffisamment inconfortable pour  irriter et interroger. En quoi la fresque murale présentée à Lille est-elle si éloignée de la vision officielle de l’Art ?  Est-ce la palette ? Le tracé ? Le décalage ? L’usage de la faïence ?
Utilisant la joie, l'humour, l'art brut, l'accumulation, le détournement, la curiosité et l'ouverture aux autres, l'artiste déploie l’ensemble des codes sociaux et des matériaux plastiques à disposition afin de rendre l’Art accessible à tous.

Pari réussi ?
Une chose est sûre, affirme Madame La Maire de Lille, Martine Aubry, Hervé Di Rosa Parvient à « outrepasser les frontières ». Formule heureuse, n’est-il pas ?
Réflexion surgissante,  laissant entendre  un dépassement des normes couplé à un lien avec l’autre. Car Hervé Di Rosa outrepasse – effectivement - les limites de l’acceptable et dépasse les bornes de la norme tant sa pratique – certainement fort agaçante pour les hyper-conceptualistes - brise la complexité en visant le plus simple.
Efficace, effectivement. L’œuvre présente une suite de visages juxtaposés, une série de faces aux joues rondes, aux sourires simplifiés et à l’œil cyclopéen. Un tout artistique, certes harmonieux, mais anéantissant impitoyablement la perspective, utilisant des aplats vifs, jouant à plein les clichés du langage relationnel : tout en caractères tranchés cernés de noir, vision – en apparence – sans nuance où se tendent de féroces facilités émotionnelles…  



Ce style épuré serait-il synonyme de facilité ? De simplicité ? D’un art de rue sans message ? La fabrique d’un art ordinaire, inintéressant, donc ?
Ou serait-ce  l’inverse ?
Car ce n’est peut-être pas si impensable que cela de se jouer de l’inévidence  par le biais de l’évidence. C’est qu’il y a une intelligence du sensible, une pensée de l’accessible, laquelle est déjà une traduction du visible.  

Sourire à pleines dents, n’est-il point déjà opposer le coloré à la morosité d’un art complexe se voulant intellectuel jusqu’à l’illisible ?
N’est-ce point encore marcher sur le fil des codes sociaux ? Présenter les artifices dans leur nudité rupestre : caractères minimaux – bruts -  caricaturaux et pourtant riches d’enseignements ?

C’est que ce sourire adressé est un langage.
D’abord celui du stéréotype, tant à bien y regarder, ces personnages sont parés d’attendus. On y découvre la caricature du chercheur à la loupe, du militant au poing levé, du garagiste au bidon d’huile, du vacancier au chapeau de paille, du graffeur à la bombe de peinture et de la  belle parée de boucles fleuries de bijoux.
 Ensuite, celui du graphisme. Un œil. Unique, à la forme géométrique des plus dépouillées, presque similaire d’un personnage à l’autre. Et pourtant, en quelques lignes minimales l’artiste génère des différences interprétatives maximales. Ici, des regards complices, là, l’amoureux, rêveur, parce qu’entre ciel et terre ou – tout simplement – parce que l’amour échappe à l’ordinaire droiture des lois établies et s’évade des règles strictes, a la tête penchée à l’oblique. Ici, l’« air » désabusé d’un homme fort sérieux. Ou encore, là, le regard dubitatif d’un travailleur en service ou scrutateur d’un militant en colère. Qu’est-ce qui produit cette « impression » ? Qu’est-ce qui différencie l’œil perdu de pensées – vague d’un plein submergeant - de celui, dénué de pensées, au  flou laissé par le vide ? Qu’est-ce qui différencie la colère d’un vacancier, de la révolte d’un syndicaliste ? Où se joue les différences d’impressions produisant ici un sourire joyeux plein de présence et là un sourire amoureux plein d’une absence ? Qu’est-ce qui sépare le sourire spontané de l’obligation feinte ?
La réponse se situe sûrement dans les nuances géométriques du visage, lesquelles sont indubitablement complexes et poussent à l’analyse. Qui ne s’est déjà surpris à méditer sur la flexion d’un sourire étonnant ? Qui ne s’est arrêté sur un regard porté vers le songe ? Autant d’indices silencieux faisant d’un imperceptible une œuvre et du minuscule un texte.   

Entrons dans l’étude scrutatrice des éléments et de leurs liens.
Etrange attitude, en effet, décalée dans ce concert de sourires que celui du vacancier au chapeau de paille colérique. Manque de tact – peut-être – de ce chercheur à la loupe impudique scrutant une jeune femme voilée.

Où les limites sont-elles outrepassées ?
Sont-ce… Les dents serrées ? Les sourires unanimes ? La simplicité ? La complexité des rapports sociaux ?
Dans cette photo de groupe, tous ces personnages font-ils société ? S’écoutent-ils ? Dialoguent-ils ? Ou sont-ce des rires juxtaposés, échanges superficiels et dialogues façades ?

De fait, un schéma simple appelle une foule de différences invisibles. Touches indétectables pour le spectateur pressé. Mais finalement très accessible pour peu que la pensée s’y attarde.



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Galerie photos



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Quelles exploitations en classe ?

Stéréotypes :

Qu’est-ce qui « signifie » ? Qu’est-ce qui est porteur de sens ?
Visages ( Quoi, les yeux ? La bouche ? La bouche associée aux yeux ?)
Vêtements
Accessoires ?



Comparer avec des graffs de rue :

Qu’est-ce qui fait langage ?
   (Comparaison langage d’une image – langage d’un texte)
L’image ?
Ce qui est dit ?
Comparer avec des images « naturelles »

Qu’est-ce qui parle ? Nous imaginons, faisons « parler » ? 

dimanche 11 mars 2018

Faire mouche en géométrie au cycle 2. CE1



Tout au long de l’année, les difficultés d’apprentissage se font bourdonnantes. Avec l’été, les confusions, erreurs spontanées, étourderies, inexactitudes forment un vaste nuage, un brouillard d’insectes furieux. Leur bruit sourd se tient là, tout proche, à côté de l'oreille, si présent, si collant, si incessant, si agaçant qu’on en vient à désespérer – jamais - de s’en débarrasser.

Pire, pour peu que vous veniez d’accrocher dans les cahiers les blanches tentures des définitions – à présent inondées des gouttelettes noires du contresens,  extravagances de lecture, fredaines surprenantes, exemples insolites « Un triangle ?
         Je sais madame, c’est trois côtés…
                                        comme un losange ! »

                                                                    .... et c’est la Crise.

 Pourtant,  n’aviez-vous pas nettoyé chaque terme soigneusement ?

 « Combien de côtés a un triangle ? vous étiez-vous enquis.

- Trois, avaient répondu  les élèves sans ambages. »

Mais, comme tout bon pédagogue, vous ne vous étiez pas arrêté à cette exactitude réflexe. Vous aviez pris soin de simplifier* le concept géométrique, de  le débarrasser de ses ombres, ses ambiguïtés, d’en nommer précisément chacun des attributs 2* . Avec soin, vous aviez suivi 1, 2, 3 côtés du doigt. « Tri comme trois. Un, deux, trois côtés. »

Vous aviez poursuivi : « Un tri-angle a 3 côtés… 3 comme…

- tri – triangles !

- Trois angles, madame. »

                      Bien, bien… Bien...

A voir avec quelle sûreté les élèves avaient répondu à vos questions, la chose semblait entendue. Chacun avait répété avec un accent différent. Tous avaient également discriminé, non sans sûreté, chaque figure découpée. Un sans faute semblant mesurer l’acquisition de la notion. N’était-ce point là le trait convainquant d’un entendement sérieux de la définition ? Le gage  d’une compréhension définitive ?

Mais cela, c'était avant. 

Avant que le carré ne pointe le bout du nez.                 

A l’évidence, les 4 côtés égaux et les angles droits brouillent la conscience – l'embrouillent de mille méprises. A la faveur d’une question anodine ou d’une situation singulière, un grondement de réactions particulières forment - tout à coup - un amas de répliques brumeuses.  Le mélange extravagant des caractères du rectangle au sein de la définition fort peu carrée vous ont soudain rendu lucide quant à l’étendue réelle des savoirs. Vous voici donc revenu sur terre.

Allons, allons, courage,
                           tout n’est pas perdu.
Soyez confiant, dès qu’une idée erronée bourdonne, elle fait assez de bruit pour être repérée.


Aussi, en gros, l’expérience des insectes nuisibles vous indique-t-elle pour logiques de traitement « L’opération du verre ou Le coup du torchon », les deux semblant contradictoires.



Commençons par les plus rapides :

1 – L’abattage du nuisible vitesse grand V. :

                             A - Le coup du torchon.

La méthode usitée de manière récurrente consiste en la reconnaissance du triangle parmi de nombreuses figures. C’est un moyen rapide d’atteindre ses objectifs. La vitesse de la discrimination s’abattant sur la figure appropriée faisant le succès de la technique. Toute figure non adéquate - carré, rectangle, losange, quadrilatère quelconque – sont laissées de côté. Le triangle est repéré sans effort, biffé à grand coup de traits dans un minimum de temps, avec un maximum d’efficacité. La situation a ses qualités. Economique, elle aboutit à un résultat immédiat.

Exemples de figures réalisées en Arts plastiques

Mais son automatisme fait – également – son danger. Les caractéristiques de l’objet étant perçues globalement, on a l’illusion d’une construction intellectuelle alors qu'il s’agit davantage d’une sensation brute, d’une procédure globale et réflexe. 


                             B - La raquette électrique.

Instrument d’élimination du nuisible,  l’élève construit la définition. « Un triangle a trois côtés. » 3* Une fois élaborée, cette dernière est transmise, entière, propre, nettoyée de tout quiproquo. Débarrassé de toutes ses absurdités et âneries, l’objet technique est d'une efficacité redoutable. La formule a foudroyé l’erreur en plein vol, électrocuté le phénomène gênant avant même qu’il n’arrive et se dépose sur la table immaculée.  

A bien y réfléchir, la procédure ne préserve cependant point des mouches de l’inexactitude. Après quelques temps, des aberrations de déclamation reviennent de manière récurrente. 


                             C - L’insecticide.

 L’énoncé clair, pensé par des experts, foudroie les inexactitudes - net. 

La définition offerte est d’emblée satisfaisante. Une bombe. « Un triangle est un polygone à trois côtés. » Tout erreur est éliminée. Toute maladresse éradiquée. Toute faute anéantie sur le champ. Son  efficacité est si extraordinaire qu’on injecte son gaz – par pression – dans toutes les matières. 

Rien ne peut opposer de résistance à ce donné, carré . 

                   Vraiment ?

L’inconvénient est qu’à aseptiser l’air, les vols dissonants sont inexistants, les zones de maladresse, l’ambiguïté n’existent plus. L’immédiate perfection est d’une constitution si solide qu’on en oublie ses faiblesses. Les inepties  non critiquées, non pensées, les illogismes extravagants, sont terrés à l’intérieur de l’énoncé même. Le produit actif a certes pulvérisé l’imprécision mais en gaz diffus, respiré abondamment par l’individu présent dans la pièce. L’intoxication menace.

Aussi, à la faveur d’une modification de tournure, de tests variés, des mécanismes restés obscurs finissent par émerger. Des résistances pullulent, des non-sens deviennent envahissants. Finalement, personne ne viendra plus à trianguler ce "polygone à trois côtés", la zone proche des Bermudes inaccessible à la compréhension résistera désormais à toute tentative de survol. 


Quoi faire ? 


Pour comprendre l’absurde, les pensées baroques, les constructions mentales biscornues, bizarres, abracadabrantes, il convient d’en saisir la folie. De goûter ces chuintements extravagants. De prendre ces vols déréglés, déraisonnables, au sérieux. En gros, d'essayer de les comprendre.

Leur attribuer un sens. 



« Je fus mouche quand je me comparai à la mouche. Je me senti une âme du genre mouche, j’ai dormi mouche, je me suis senti enfermé mouche. Mais la plus grande horreur, c’est qu’en même temps je me sentais moi-même. Je levai malgré moi les yeux au plafond, de crainte que quelque règle suprême ne s’abattît sur moi… » P 332 :
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquillité. p 332.

En fin de compte, en véritable détective du problème, la solution n'est-elle point de penser erreur, manger erreur, dormir erreur ?


Nous allons voir… Poursuivons vers la seconde logique de traitement : 


2 - la lente suppression de l’erreur :


                          A - Le coup du  verre 

Chopper une mouche dans un verre demande un coup de main particulier. Le chasseur avance précautionneusement le récipient. Approche doucement. L’insecte s’envolant toujours vers le haut, la bestiole rocambolesque s’enferme du même coup dans la cage. 

En arts plastiques – dessiner des créatures triangulaires participe de cette technique.

La connaissance, la perception des caractéristiques de la figure, la lenteur du geste font le succès de la démarche. 

Facile ? Un jeu d'enfant ? Vous voici pris d’un sourire, enjoignant cet esprit épris d’une belle motivation à dessiner plus. Carrément  gonflé d’orgueil, invitant à déclamer les caractéristiques du dessin, ne criez pas trop rapidement victoire, cependant. Des surprises, là encore vous attendent... 

      L’insecte n’est pas la malheureuse victime qu’on imagine. A peine voit-elle le verre se réverbérer dans la vitre qu’elle virevolte et s’échappe sans crier gare. D’où l’impossibilité d’utiliser cette méthode sur des plans vraiment réflexifs.


                              B - Le piège bio à essence de poisson.

La bestiole attirée par l’odeur vient s’enfermer et se noyer d’elle-même. 

La situation pédagogique est constituée de cartes et de formes. L'élève devant reconstituer les figures présentes sur les cartes à partir des formes et ce, en posant moult questions.

Le but est de consolider plutôt que construire les notions de carré, rectangle, triangle. Par un "jeu" de questions successives, savamment ordonnées des plus globales aux plus précises, l’élève va discriminer les possibles des impossibles, déterminer la figure et la reproduire sur la table à l’aide de formes. 

Questionner –  et en miroir - se questionner, n'est-ce point là les bases de la réflexion par excellence ?

La micropsychie 4* – petitesse d’esprit – est embaumée dans les fragrances – l’erreur est décomposée - individuellement piégée. 

La panacée ?   
Pas si sûr…
Là encore, des confusions persistent - désespérément. La part de l'exercice vu comme jeu peut certes faire danser les papillons autour de la flamme des savoirs mais également emporter les imaginations ailées vers des contrées divertissantes peu efficientes. Le ludique peut dissiper bien des esprits. 


                      En face à face avec les inconvénients de chaque option, allons vite, progressons en planant avec mesure.  

Vidéo - élèves de CE1 en pleine cogitation géométrique. Dialogue assez souriant.

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    Nota : Le but de l'échange est d'engager les élèves à se poser les questions pertinentes.  La vidéo, ne montre pas l'étayage du professeur bien évidemment nécessaire. 

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* Simplifier ou rendre simple, accessible à l’entendement n’est pas faire œuvre de simplisme.

1 « Qui sait pour quelles forces suprêmes, dieux ou démons de la Vérité dont l’ombre enveloppe nos pas errants, je ne suis moi-même qu’une mouche luisante qui se pose un instant sous leurs yeux ? Rapprochement facile? Remarque déjà faite mille fois ? Philosophie dépourvue de vraie réflexion? Peut-être, mais je n’ai pas réfléchi : j’ai ressenti. C’est sur un plan charnel, direct, avec une horreur profonde, que je fis cette comparaison risible. [...] Je me suis senti mouche quand j’ai imaginé que je me sentais mouche. Et je me suis senti une âme du genre mouche, j’ai dormi mouche, je me suis senti enfermé mouche. Mais la plus grande horreur, c’est qu’en même temps je me sentais moi-même. Je levai malgré moi les yeux au plafond, de crainte que quelque règle suprême ne s’abattît sur moi, tout comme j’aurais pu moi-même écraser cette mouche. Heureusement, lorsque j’ai baissé les yeux, la mouche, sans un bruit, avait disparu. Le bureau amorphe se trouvait à nouveau sans philosophie. » p 332 
Fernando Pessoa – Le livre de l’intranquillité. Christian Bourgois éditeur. 1999. ISBN : 2-267-01516-1

«  En vue de cette recherche rigoureuse, les mots qui servent de support à la pensée doivent être employés dans toutes les positions possibles, dans les locutions les plus variées ; il faut les tourner et retourner sous toutes leurs faces, dans l’espoir qu’une lueur en jaillira, les palper et ausculter leurs sonorités pour percevoir le secret de leur sens. » p 18 


 3 * Britt-Mari Barth nous rappelle l’importance de la définition : 
« Neil Postman (Enseigner, c’est résister, Le Centurion, Paris, 1979) suggère que la valeur d’une définition réside dans son utilité et non pas seulement dans son exactitude. Les définitions sont des instruments de pensée… Un définition devrait être opérationnelle.

Les définitions surchargées d’éléments inessentiels ne nous sont pas très utiles. La définition qui consiste en un synonyme ou qui donne un concept supérieur (le carré est un polygone) ne nous aide pas beaucoup non plus. » Britt-Mari Barth, l’apprentissage de l’abstraction, p 57

Britt-Mari Barth, l’apprentissage de l’abstraction, méthodes pour une meilleure réussite de l’école ; RETZ, 1987, isbn : 9-782725-611990

4 * « L’artiste joue avec l’immédiat comme le papillon avec la flamme. Un jeu acrobatique et périlleux ! Pour connaître intuitivement la flamme il faudrait non seulement voir danser la petite langue de feu, mais épouser du dedans sa chaleur ; joindre à l’image la sensation existentielle de la brûlure. Le papillon ne peut que s’approcher de la flamme au plus près, frôler sa chaleur brûlante et littéralement jouer avec le feu ; mais si, avide de la connaître encore mieux, il vient imprudemment à pénétrer dans la flamme elle-même, que restera-t-il de lui sinon une pincée de cendres ? Connaître la flamme du dehors en ignorant sa chaleur, ou bien connaître la flamme elle-même en se consumant en elle, savoir sans être, ou être sans savoir, - tel est le dilemme. »
      Vladimir Jankélévitch
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Annexes utiles...
 










samedi 24 février 2018

La résistance intellectuelle au cœur de l'apprentissage, par Olivier Houdé



Olivier Houdé, le 29 novembre 2017, La Sorbonne


Olivier Houdé évoque les résistances cognitives favorisant ou inhibant l'apprentissage. Pour ce faire, le chercheur met en regard deux types de procédures utilisées par les élèves confrontés aux résolutions de problèmes, à savoir : l’algorithme et l’heuristique.


En ce sens, si l'automatisme (étant un excellent moyen de mémorisation)  s’avère nécessaire, ce dernier peut également entraîner des processus heuristiques. Autrement dit, des pensées automatiques, des raccourcis, la plupart du temps efficaces,  mais pouvant également se révéler faux. 
Par exemple, lorsque Jean Piaget effectue des tests de conservation des quantités. Le psychologue présente un certain nombre de pions alignés, puis le  même nombre de pions mais cette fois, espacés les uns des autres. A la question posée de savoir si les deux collections sont identiques, certains enfants répondent par la négative. Plus l’élève est jeune, constate Jean Piaget, plus ce dernier va fournir une réponse erronée, le psychologue  interprète ces réponses enfantines comme non logiques. 


Néanmoins, contrairement aux idées reçues, l’élève n’est pas illogique. La plupart du temps, comme on peut le constater dans les affichages de classe, la longueur de la suite numérique correspond à la quantité effec
tive. Plus la suite est longue, plus le nombre est quantitativement grand. Seulement ici, cette observation automatisée ne s’avère pas pertinente. L’enfant doit donc dépasser cette impression, « inhiber » cette idée en passant par une procédure algorithmique de comparaison, tel le comptage de la collection afin de répondre.   


Merci à Olivier Houdé de son aimable accord.



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Pour aller plus loin :

Lisez, si vous le pouvez : Bentolila Alain et al., L’essentiel de la pédagogie, Nathan, 2017
Avec les contributions de : "Meirieu Philippe, Boimare Serge, Bouysse Viviane, Jousselme Catherine, Houdé Olivier, Bentolila Alain, Germain Bruno, Duquesne-Belfas Françoise, Girodet Marie-Alix, Quéré Yves, Hadji Charles, Beneych Paul, Martin Brigitta, Mounié Sébastien" 
Vous y trouverez une mine d'informations. Pour vous mettre en "appétit", quelques extraits parlants : "Chapitre 4 - Les sciences cognitives et les apprentissage à l’école primaire, par Olivier Houdé
P 77 : " 3 Piaget revisité : heuristique, algorithmes et inhibition
Un autre exemple, dans le domaine mathématique, permet de bien comprendre la généralité de ce phénomène. Il s’agit de la tâche de conservation du nombre jadis inventée par Piaget (Piaget & Szeminska, 1941). Devant deux rangées qui ont le même nombre de jetons (7 et 7 par exemple) mais qui sont de longueurs différentes (après l’écartement de l’une des deux rangées), jusqu’à 7 ans l’enfant considère qu’il y a plus là où c’est plus long ». Piaget croyait que l’enfant n’était pas logique, qu’il était dominé par son système 1. Or la difficulté est ici d’apprendre à inhiber l’heuristique « longueur égale nombre » alors même que l’enfant est déjà capable de compter (Houdé 2000).
Dans le cerveau, une heuristique et une stratégie très rapide, très efficace – donc économique pour l’enfant ou pour nous-mêmes -, qui marche très bien, très souvent, mais pas toujours, à la différence de l’algorithme exact, stratégie plus lente et réfléchie, mais qui conduit toujours à la bonne solution (le syllogisme, de comptage, etc ;)
P 78 : D’où vient l’heuristique « longueur égale nombre » ? Par exemple, sur les rayons des supermarchés, en général, il est vrai que la longueur et le nombre varient ensemble (covarient) : face à deux alignements de produits du même type, celui qui est plus long contient aussi le plus de produits. Le cerveau de l’enfant  détecte très tôt ce type de régularité visuelle et spatiale. De même à l’école ou à la maison quand on apprend les additions ou les soustractions (ajouts/retraits) avec des objets sur une table, si on additionne, on ajoute un ou plusieurs objets (1+1+1+1…) et c’est plus long ; si on soustrait, c’est l’inverse. C’est encore vrai dans les livres de « maths pour petits » ou sur les murs des classes. On y découvre en général la suite des nombres de 1 à 10 illustrée par des alignements d’objets de longueur croissante (des alignements d’animaux ou de fruits). Donc quasiment partout, sauf dans la tâche de Piaget, la longueur est le nombre varient ensemble.

dimanche 11 février 2018

Le petit prince, existe-t-il une sagesse propre à l'enfance ?


De l’importance de la chimère et de l'émerveillement.


Le petit prince marche à côté, 
Aucune chance, pour lui, d’attraper jamais ce point fixe - sans consistance - appelé but ou objectif. 
Son intensité se mesure en décibel de silence.

« En effet. Quand il est midi aux Etats-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au  coucher de soleil.
Malheureusement la France est bien trop éloignée. Mais, sur ta si petite planète, il te suffisait de tirer ta chaise de quelques pas. Et tu regardais le crépuscule chaque fois que tu le désirais…
-          Un jour, j’ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois !
Et un peu plus tard tu ajoutais :
-          Tu sais… quand on est tellement triste, on aime les couchers de soleil…
-          Le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ? Mais le petit prince ne répondit pas. » p 26-27

 Etna - Sicile 2017

Le petit prince, comme les enfants, a une connaissance intuitive de la pyramide de l’importance. 


Philosophie en lettres minuscules, (le petit prince étant - dans le texte d'Antoine de Saint-Exupéry - l'assemblage d’un nom commun couplé à un adjectif dénué de majuscules), l’enfant sait voir le précieux d’un éléphant contenu dans un chapeau. Remarque la beauté d'une rose ordinaire. Célèbre le lever journalier du soleil ou le gris d'un nuage luisant sous un ciel d’orage. Chérit, plus que toute autre possession, la lumière d’une présence, fut-elle celle, capricieuse, d'une rose égocentrique. Et derrière le brouhaha des actions inutiles - s'occuper d'un volcan éteint, on ne sait jamais - sous la collecte du dérisoire, une boite en carton, une caisse en bois, un dessin approximatif, ce dernier, sait détecter les preuves des choses essentielles. 



Sicile 2017

Malheureusement, ses seules compétences, sa capacité d’observation, son imagination, n’entrent pas dans la vie à labeur tenace. Que lui reste-t-il, alors ?

Les rencontres.
Réalistes. Décevantes. Le petit prince, comme l’enfant, a pour hiérarchie, la linéarité des sentiments premiers. Peu lui importe les consignes, les conquêtes, l’exploit – invocations purement adultes consistant, par une pensée du dessus – autrement dit du supérieur - à briguer nombre de  titres et accumuler des avoirs dérisoires. Son ambition a la taille de la coquille du moi, se résume à ses quelques pas d'histoire, englobe son proche univers : la rose, le renard, l'aviateur.  

Il persévère, pourtant. Chaque jour, à respirer le dialogue rance et convenu des hommes oublieux de leur enfance. Chaque minute à mesurer l’ampleur du désastre. A observer le monstre bruyant et hyperbolique d’une modernité phagocytant la vie des employés, plaçant l’agent, la notoriété, au zénith du primordial.
De fait, il pleure souvent. Il pleure beaucoup, tant il saisit l’ampleur de l’autisme adulte. Celui de l’oubli de l’enfance, de la focalisation sur de fausses valeurs. Tant il sait ne pas posséder les clés d’un monde où le vouloir ne suffit pas toujours à atteindre le seul primordial essentiel, celui du cœur.

Et puis, parfois, au détour d'un chemin, l’étonnement d’un rien, car l’enfant s’émerveille de tout et n’importe quoi, reprochent les grandes personnes. L’essentiel donc, la lumière des rencontres : la respiration d'un aviateur meilleur dessinateur que réparateur, la saveur d'une eau fraîchement sortie du puits, l'éclat amical d'un renard à l’œil brillant. 

Son errance est une collecte de bouts de mémoires ébréchées,
Une collection de vieilleries frappant la rétine du cœur.  



Aussi, s’esquive-t-il lentement vers un murmure fatigué à l’orée de la nuit.


Sicile 2017
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Un partage FRANCE CULTURE

mercredi 7 février 2018

"L'odyssée des animaux" par Sandrine Vézilier au Musée d'Histoire Naturelle de Lille.

Un tableau est-il simple objet pictural - comme une lecture rapide semblerait l’indiquer ? Ou, dans la complexité des sujets étudiés, dans la forme des éléments présentés, ne constitue-t-il point un formidable miroir sociétal ?

L’Art serait-il le reflet d’une époque ?



La conservatrice du Musée des Flandres à Cassel, Sandrine Vézilier, se propose de mettre en regard connaissances scientifiques  et exécution plastique.  A travers diverses représentations, la commissaire d’exposition évoque une véritable mémoire culturelle.

Son expertise – effectivement - ouvre des pages de connaissance à savoirs multiples, dépasse les  frontières de l’évidence.






Développements… L’époque contient toujours l’essence de son esprit.

Pour le dire autrement, une représentation ne peut être séparée de son auteur. Lequel a pour horizon la science et les savoirs dont il dispose.

La question étant de savoir comment lire une iconographie d’allure simple où un animal – en outre, si bien représenté – ne semble donner à voir que lui-même...

De fait, ce qui est assez extraordinaire, évoque-t-elle, c’est de constater qu’il n’en est rien.

Car enfin, à l’époque où l’on pensait pouvoir parcourir quatre continents et guère plus… Voyager. Observer des animaux n’était chose ni aisée ni courante.

Certes, pouvait-on s’inspirer des ménageries royales.  Ou encore, le peintre pouvait-il s’appuyer sur des planches scientifiques.  Illustrations, certes remarquables, mais comportant des souriantes erreurs. Parmi elles, des phoques aux nageoires improbables, des insectes chimériques ou encore des coquillages de belle imagination.



Néanmoins, il serait tout aussi erroné de tout moquer. Dans un dix-septième siècle où les sciences, la curiosité, le désir de découvrir le monde jouent des rôles non négligeables, le microscope fait des adeptes. L’exotisme laisse place à de belles explorations et à de réelles observations, prodiguant aux peintures d’insectes  un réel intérêt scientifique.

16 novembre 2016 Musée d'Histoire Naturelle de Lille






vendredi 5 janvier 2018

Pourquoi faut-il sauver les langues ? par Barbara Cassin.




Pourquoi apprendre le grec ou le latin ? 
Qu'apporte cette pratique ?
Parfois, une langue nous est trop proche – trop affective - pour qu’on puisse en savourer l’entière étendue, pour pouvoir en apprécier les dimensions gustatives ou en goûter l’entière richesse. L’approche d’une culture différente met à distance, ouvre de nouveaux horizons conceptuels, démultiplie les rapports aux sens, accroît les équivoques.
Or, justement, le grec est une langue vraiment autre, explique la philologue Barbara Cassin. La philosophe a d’ailleurs eu le bonheur de pouvoir travailler avec des enfants psychotiques. L’enseignante a pu mesurer l’effet – étonnant, voire détonnant - produit par cette étude sur ces derniers. Une véritable révélation. Un choc. L’apprentissage d’une altérité. Les élèves, en mesurant les écarts, en observant les dissonances présentes au niveau des discours,  en soulignant les équivalences de vocabulaire ou les synonymes, ont mieux saisi le sens et les particularismes de leur propre langue.

Vendredi 17 novembre 2017

Barbara Cassin, Heinz Wismann, et Thomas Benatouïl.
Merci à tous trois de vos aimables accords.


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Conférence entière :



Galerie Photo : 17 novembre 2017